[grand lettre= »T »]ien Chi trace un pont gastronomique entre Chine et Wallonie.
On va chez Tien Chi pour l’accueil charmant de son épouse, Ajing Xiang et aussi pour se ressourcer dans sa générosité, son petit sourire en coin et pour la noblesse de sa cuisine. Bien qu’il exerce dans un quartier improbable de la banlieue de Charleroi, son restaurant ne désemplit pas.
Il est auréolé du titre de Asiatique de l’année au Guide Gault&Millau 2016.
Peu de restaurants sont susceptibles de susciter un sentiment d’anticipation mêlé d’une subtile jouissance au niveau d’un questionnement primordial pour le gastronome de passage du genre « Penses-tu qu’on sera aussi étonné que la dernière fois. » On a l’impression que « l’esprit du Boudhha » dans cette cuisine ne s’écroulera jamais tant il y a de la radicalité et de l’inventivité dans le choix des produits.
On va démarrer par un surprenant amuse-bouche que la patronne nous fait la surprise de découvrir dans un petit bol : la panure est parfaite, c’est doux, on ronge des petits os.
C’est quoi ? Des cuisses de grenouille ? Et bien bon, on donne notre langue au chat ! En fait ce sont des langues de canards cuisinées aux 5 parfums.
Les gyosas de gambas caramélisés précédés de filets de bar mi- cuit au chalumeau accompagné d’un beau mesclun iodé et de sauce soya montrent la maestria et la volonté du chef de pratiquer une cuisine basée sur la suggestion de produits nobles des terroirs locaux et asiatiques. Il peut les réinterpréter à merveille à sa façon : pluma iberico, bœuf de charolais, poissons petits bateaux, St Jacques des côtes d’Arrmor….
Il peut aussi faire face à une cuisine asiatique de facture classique pour satisfaire une clientèle d’habitués.
Double identité.
En fait le chef est puise aussi son inspiration dans le terroir local, voire les produits européens qui ne font pas partie de la culture des cuisines chinoises en provenance de Zhejiang, du Sichuan ou d’ailleurs.
A l’heure des produits « pas très bien » concoctés par l’agro alimentaire et de la médiocre qualité souvent rencontrée dans les buffets asiatiques à volonté, on se doit de visiter ce restaurant qui vous donnera une faim de loup. On en ressort très léger sous le regard bienveillant de Bouddha.